Mohéli intègre le réseau mondial des réserves de biosphère

29 octobre 2020

Les mangroves de Wallah

Lors d’une réunion en ligne tenue les 27 et 28 octobre, le Conseil international de coordination du programme sur l’Homme et la biosphère (CIC-MAB) de l’UNESCO a approuvé 25 nouveaux sites et l’extension ou la modification du zonage de cinq réserves de biosphère existante. Le Réseau mondial des réserves de biosphère compte désormais 714 réserves dans 129 pays de par le monde. Andorre, Cabo Verde, les Comores, le Luxembourg et Trinité-et-Tobago ont rejoint le Réseau cette année à la suite de la désignation de leurs premiers sites.

« C’est une grande nouvelle pour le pays notamment l’île de Mohéli, car cela signifie que notre pays a des ressources potentielles pour rehausser l’écotourisme », indique Bianrifi Tarmidhi, le Ministre comorien de l’Environnement.

Particulièrement bien préservé, le site de Mohéli comprend une exceptionnelle biodiversité d’importance régionale et mondiale, des taux d’endémisme étant particulièrement élevés parmi les différents groupes de flore et de faune, aussi bien terrestres que marins.

L’île de Mohéli comporte un ensemble d’écosystèmes sensibles et prioritaires, qui vont de la mer vers l’intérieur des terres. La zone récifale et son lagon de la zone sud et plus particulièrement à Sambia, les bancs et les fonds coralliens qui s’établissent sur un plateau continental large et à eaux peu profondes, sont dans un bon état de conservation à l’exception des quelques coraux qui ont subi le phénomène de blanchissement détecté en 1998 et 2010. Leur biodiversité est très riche avec la présence des poissons récifaux, des poissons de fond et des poissons pélagiques, des holothuries, des langoustes, des céphalopodes et de nombreux mollusques comme les bénitiers et les tritons.

Au niveau des phanérogames marines, on rencontre des tortues marines, Lepidochelys olivacea et Eretmochelys imbricata qui pondent sur les plages de la zone. Les eaux du large sont des lieux de passage des mammifères marins pendant leur période de reproduction, tels que les baleines et les cachalots, et on y rencontre également des dauphins et de nombreuses espèces de requins.

« Il faut protéger la richesse de la biodiversité locale. Pour notre bien et la génération future, montrons un geste de responsabilité. Préservons bien l’environnement, qui est d’ailleurs devenu un combat mondial. On a eu cette chance d’être parmi les pays qui ont une réserve de la biodiversité. Donc, il faut montrer qu’on l’a mérité », réitère Mohamed Said Fazul, le gouverneur de l’île autonome de Mohéli.

Réconcilier l’activité humaine et la conservation

Les réserves de biosphère de l’UNESCO s’efforcent de réconcilier l’activité humaine avec la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité. Elles constituent des éléments centraux du travail de recherche et de sensibilisation de l’UNESCO visant à promouvoir des pratiques de développement durable innovantes. Il s’agit aussi de combattre la perte de la biodiversité en soutenant la compréhension, la valorisation et la sauvegarde de l’environnement de vie par les collectivités et les États membres.

« Nous avons besoin d'une nouvelle normalité pour la biodiversité », affirme Audrey Azoulay, la Directrice générale de l'UNESCO.

De nouvelles réserves de biosphère sont désignées chaque année par l’organe directeur du programme MAB, le Conseil international de coordination, composé de 34 États membres de l’UNESCO élus par roulement. Initiative scientifique intergouvernementale créée par l’UNESCO en 1971, le programme l’Homme et la biosphère a été l’un des premiers à promouvoir l’idée de développement durable.

Une lacune majeure au niveau de la participation au MAB/RMRB a été mise en évidence lors de la 30e session du Conseil international de coordination du Programme sur l’Homme et la biosphère, en juillet 2018. Quelque 75 États membres de l'UNESCO n'avaient toujours pas de réserves de biosphère désignées sur leur territoire. Des efforts ont donc été déployés pour combler cette lacune, et un accord de projet conjoint a été signé avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en vue d’établir une réserve de biosphère sur l’île de Mohéli, aux Comores.

Un partenariat solide

« L’île de Mohéli abrite une biodiversité exceptionnelle d’importance régionale et mondiale, avec des taux d’endémisme élevés au sein des différents groupes de faune et de flore. L’importance de la création de la réserve de biosphère à Mohéli confirme le caractère de l’île comme site mondial de la biodiversité et site de recherche continue qui va servir à mettre en lumière le pays. Ça contribue à attirer des financements en provenance des opérateurs touristiques, des fondations, et des agences de financement de la recherche », défend Fenella Frost, la Représentante Résident du PNUD aux Comores.

La création de la réserve de biosphère sur l’ensemble de l’île de Mohéli est l’aboutissement d’un long processus qui a démarré dès la création du Parc marin de Mohéli le 19 avril 2001 avec l’appui du PNUD/GEF. Cette vision à long terme a été confirmée par le Gouvernement à travers le projet « Développement d’un réseau national d’aires protégées terrestres et marines représentatives du patrimoine naturel unique des Comores et cogérées avec les communautés villageoises locales », financé avec le PNUD et le GEF, et le projet « Appui au développement du parc marin de Mohéli » appuyé par l’Agence française de Développement. De même, le projet GDZCOI mis en œuvre par la COI en 2016, a eu un volet pour une étude de faisabilité qui a permis de lancer des ateliers d’information et de co-construction avec les communautés et les autorités de l’île sur les objectifs d’une future réserve de biosphère.

Parallèlement, le Parc national mettait en œuvre l’un des principes de base des réserves de biosphère, à savoir la gestion participative, en négociant et signant avec tous les villages concernés des accords de cogestion. Cette méthode de gouvernance a valu au Parc national de Mohéli une reconnaissance internationale (Prix initiative Équateur Rio + 10) en 2002. Ces accords de cogestion sont à l’heure actuelle étendus à l’ensemble de l’Ile.

Dans la perspective de développer un partenariat avec Sao Tomé & Principe qui a une réserve de biosphère, le Président du Gouvernorat régional de Principe a effectué une visite d’échange à Mohéli pour faire bénéficier de son expérience et de jeter les bases d’une future coopération entre les deux îles.

Un investissement durable

Par une gestion intégrée de la partie terrestre et marine de l’île, la réserve de biosphère de Mohéli constituera un outil privilégié pour assurer la conservation de la biodiversité exceptionnelle des milieux aquatiques et terrestres, contribuant ainsi à la mise œuvre des ODD 14 et 15, mais aussi des ODD 1, 2, 12 et 13 en améliorant les conditions de vie de la population locale, par l’exploitation durable des ressources forestières, le développement d’une agriculture, d’un élevage et d’une pêche durables, l’appui aux innovations locales ainsi que le développement de sources d’énergies renouvelables. En développant l’éducation et la sensibilisation et en renforçant les partenariats autour de la Réserve de biosphère de Mohéli contribuera également aux ODD 4 et 17.

Ce classement reconnaît à la fois cette grande diversité d’écosystèmes sensibles et les activités économiques des populations côtières sur de vastes espaces de production. L’île a servi de ce fait de site pilote pour démontrer la faisabilité et l’efficacité des approches de la gestion intégrée des zones côtières, outil privilégié pour parvenir à un développement harmonieux des zones côtières et marines soucieux de l’environnement.

Pour assurer le fonctionnement de la future réserve de biosphère, un comité de gestion, ouvert à un éventail très large d’acteurs, a été mis en place. Ce comité de gestion constituera l’instance d’orientation, de concertation, d’aide à la décision et de définition des activités de la réserve de biosphère à mettre en œuvre sur le territoire dans le cadre du plan de gestion.